Le Troisième Testament – Julius livre 1

Très attendu au tournant, ce premier tome du nouveau cycle du Troisième Testament (à la base l’une des séries historiques et ésotériques les plus marquantes de ces dernières années) est une totale réussite ! On retrouve les auteurs du premier cycle : Alex Alice (scénario et storyboard) et Xavier Dorison (scénario et concept original). Si dans les 4 premiers tomes le dessin était assuré par Alice, il est cette fois-ci confié à Robin Recht. Ce dernier s’en sort à merveille ! Tout en respectant l’aspect graphique du premier cycle (atmosphère sombre, découpages cinématographiques, scènes dessinées de haut à vous donner le vertige, etc.), il apporte un réel dynamisme à l’intrigue, en variant notamment le nombre de cases et leur disposition au sein des planches ainsi que les prises de vues. Quant au travail de colorisation, assuré par François Lapierre, il est impeccable.

« Débarrassés » de la charge du dessin, Alice et Dorison ont donc pu se consacrer pleinement à l’histoire et à l’écriture. Quelques décennies après la venue du Christ, Julius, un général romain cruel et ambitieux se voit déchu suite à la trahison de sa fille.  Au cours de sa longue descente aux enfers, qui l’emmènera jusqu’à une mine de souffre en plein désert, il croisera le chemin d’un homme taciturne, un prophète qui prétend avoir rencontré Jésus et qui tente de rassembler juifs et chrétiens.

Avec ses 80 planches, ce tome 1 vous réserve bien des surprises ! Racontée avec talent et parfaitement mise en scène, l’histoire ne nous laisse pas sur notre faim. On attend déjà la suite, certes, mais ce début de cycle nous laisse comblés !

Le Troisième Testament – Julius – Tome 1, éditions Glénat 14.99 €.

Solanin

Solanin est un manga « d’auteur » en deux volumes, paru en 2007 en France mais que je n’ai découvert que tout récemment par hasard. Mieux vaut tard que jamais, car il s’agit d’une oeuvre remarquable, poignante et drôle.

Solanin raconte le parcours d’un groupe d’amis d’une vingtaine d’années, à une époque charnière de leur vie, celle du passage réel à l’âge adulte et à la responsabilité. Perdus dans un Tokyo tentaculaire, chacun se débrouille plus ou moins en faisant des petits boulots précaires et mal payés, tâchant de concilier amour, musique, travail et indépendance. Mais les années passent et finalement le temps des décisions approche. Doivent-ils renoncer à leur rêve de jeunesse pour autant et accepter de travailler pour de bon pour une grande société ?

Difficile de résumer Solanin sans en dévoiler les ressorts dramatiques (la fin du tome 1 est bouleversante). Mais ce qui fait le charme si particulier de cette bande dessinée c’est la narration, cette « voix off » des personnages qui s’interrogent sur leurs choix, leurs sentiments, ce qui fait le sens ou non de leur vie. Le talent d’Asano est aussi de donner un visage humain à Tokyo, loin de l’image de la mégalopole bruyante et surpeuplée, à travers des pauses graphiques apaisantes et poétiques. Et que dire de son don pour dessiner les visages ! En quelques coups de crayon, l’auteur est capable de faire passer des émotions fortes et complexes comme la jalousie, l’admiration, la plénitude… Quant à son sens de l’humour, il n’est pas en reste ! Certaines planches ou cases vous feront même exploser de rire !

Sur fond d’amour et de rock, Solanin est une histoire sensible et belle, mais aussi le portrait d’une jeunesse attachante qui se cherche, qui hésite à sacrifier ses rêves sur l’autel du travail et de la réussite comme leurs ainés.

Solanin, Inio Asano, Editions Kana, 10 € le volume.

Lydie

Lydie est une bande dessinée touchante, qui sans être mièvre, saura vous mettre quelques larmes dans le coin des yeux une fois la dernière page tournée.

Dans un quartier populaire, quelque part en France, sans doute avant-guerre, une jeune femme un peu simple d’esprit, Camille, perd son enfant lors de son accouchement. Quelques jours plus tard, la voilà qui crie au miracle, et s’empresse d’annoncer à tout le monde que son enfant est revenu d’entre les morts. Seulement voilà, sa petite fille, Lydie, n’est revenue que pour elle, plus exactement que dans son imagination.

Et si au départ tout le quartier se moque gentiment d’elle, peu à peu une complicité va s’installer, et tous les habitants vont finalement jouer la comédie et faire semblant de croire à l’existence de la petite fille pour ne pas faire de la peine à sa mère.

Le dessin de Jordi Lafebre (magnifiquement mis en couleur) se prête à la perfection à ce conte humaniste. Quant aux dialogues de Zidrou, ils font mouche à chaque case ! Lydie est une vraie réussite, une bd tendre et forcément émouvante.

Lydie, Jordi Lafebre et Zidrou, éditions Dargaud « Long Courrier » 14.50 €.