Le Présage

Toxey est âgé et commence à souffrir d’Alzheimer. Enfermé dans une maison de retraite, son seul plaisir consiste à guetter les visites de sa fille. Dehors le monde politique vacille et le chaos commence à se répandre dans tous les Etats-Unis.

Sachant que le temps lui est compté, Toxey n’a d’autre choix que de raconter son secret et d’affronter le gouffre de son passé.

Des décennies plus tôt, Toxey est un jeune noir qui parcourt sa ville un appareil photo autour du cou. Ses clichés font la joie des clients de la quincaillerie où il travaille. Mais un jour l’une des ses photos attire l’attention d’un homme mystérieux, tandis qu’une jeune femme est retrouvée morte dans une réserve naturelle. Toxey ne le sait pas encore, mais sa photo menace un certain Elder Reese, un riche héritier aussi brutal que maléfique, un futur sénateur à l’ambition dévorante, prêt aux pires bassesses pour arriver le plus vite possible tout en haut de l’échelle du pouvoir.

Dans cet imparable roman noir, aussi tranchant qu’un couteau bien aiguisé, Peter Farris s’attaque avec brio aux nouveaux monstres de la politique, nés du crime et de la corruption, dont la démagogie, l’argent et la violence sont les seules valeurs.

Un bijou d’efficacité d’une justesse alarmante.

« Puis il brandit le discours (…) et, avec un geste théâtral, il le déchira en deux et jeta les bouts de papier sur le côté. (…) Il tendit le cou pour scruter la salle et, avec un lèchement de babines reptilien, prononça les premiers mots qui lui vinrent à l’esprit.

– Les amis, je vais arriver à Washington à coups de tricherie, de mensonge et de vol, et vous n’aurez pas d’autre choix que de m’adorer. »

Le Présage, Peter Farris, traduit de l’américain par Anatole Pons-Reumaux, éditions Gallmeister 24,90 €

Mario Rigoni Stern : Histoire de Tönle

Disparu en 2008, Mario Rigoni Stern était l’un des plus grands écrivains italiens de sa génération, mais sa discrétion fait de lui un auteur encore trop méconnu, malgré de nombreuses traductions.

En ce début d’année les éditions Gallmeister rééditent dans la collection Totem le roman qui ouvre sa « trilogie du haut-plateau » : Histoire de Tönle.

Au coeur des montagnes, Tönle Bintarn est un modeste colporteur et berger, qui s’affranchit des frontières et des douaniers pour vendre ici et là quelques estampes, juste de quoi retourner régulièrement dans son hameau pour s’occuper de sa famille. Mais la première guerre mondiale qui n’est d’abord qu’une rumeur finit par se transformer en un vacarme assourdissant, ballotant Tönle d’un pays à l’autre, bien loin de son foyer.

Dans la neige, l’indifférence ou la souffrance, au gré des années et de bien des péripéties, Tönle n’aura de cesse qu’essayer de rentrer chez lui pour vivre comme il l’entend, dans la solitude des paysages, loin de la folie des hommes.

Les romans, nouvelles et récits de Mario Rigoni Stern ont la grâce d’une aube d’hiver. Tout en silence, avec une économie de mots, il dit l’essentiel : la plénitude de l’existence au coeur de la nature, la chaleur d’un repas partagé, l’amitié simple et désintéressée, la pureté et la beauté de la vie malgré les horreurs, la bêtise et les conflits qui nous échappent.

Histoire de Tönle fait partie de ces grands textes d’une désarmante humilité, justes et vrais.

« On trouve rarement pareille cohérence entre l’homme qui vit et l’homme qui écrit, pareille densité d’écriture. (…) Le fait que Rigoni Stern existe est en soi miraculeux. »

Primo Lévi.

Toute l’équipe de la librairie vous souhaite une belle, une joyeuse et une heureuse nouvelle année !

Histoire de Tönle, Mario Rigoni Stern, nouvelle traduction de l’italien de Laura Brignon, Gallmeister Totem 8.90 €

40 hommes et 12 fusils, dédicace de Marcelino Truong vendredi 18 novembre.

Indochine 1954. Le pays qui rêve d’indépendance est déchiré par la guerre. Minh est un jeune peintre issu de la bourgeoisie d’Hanoï proche des français, que son père envoi à la campagne gérer les terres familiales. Mais en chemin l’armée révolutionnaire le contraint à s’engager avant de l’affecter à un bureau en charge de la propagande. Pour survivre et continuer à dessiner, Minh devra taire ses origines et ses opinions politiques. Après avoir traversé le pays à pied et s’être rendu compte des ravages de la guerre, le voilà muté à Diên Biên Phu…

Après ses deux premiers romans graphiques autour de son enfance et de sa jeunesse Une si jolie petite guerre et Give peace a chance, Marcelino Truong nous plonge cette fois en pleine guerre d’Indochine, au coeur d’un conflit sanglant qui ne fit que préparer un second quelques années plus tard encore plus dévastateur.

Il créé l’inoubliable Minh, peintre contemplatif et romantique qui découvre l’envers du conflit : l’endoctrinement à travers une propagande omniprésente, l’influence chinoise qui souhaite transformer une légitime quête de liberté et d’indépendance en une furieuse lutte des classes. Mais malgré ses doutes et ses colères, il découvre aussi une population solidaire et brave, pour le meilleur et pour le pire. Spectateur et acteur malgré lui d’une guerre qui le dépasse, il tente par tous les moyens de résister à l’abrutissement et la compromission.

Avec 40 hommes et 12 fusils Marcelino Truong livre un formidable récit, passionnant autant que pédagogique, bouleversant autant que courageux. Ses dessins n’ont jamais été aussi précis, émouvants, terribles. Ils rendent le périple de Minh si vivant qu’on en ressort troublé. En créant un alter égo qui lui ressemble beaucoup, l’auteur pose la question essentielle mais difficile de la place d’un artiste en temps de crise ou de conflit. Comment exister entre la politique et l’art, comment survivre ou rester libre et continuer à créer sans se renier…

Nous sommes heureux de vous inviter à une séance de dédicace avec Marcelino Truong vendredi 18 novembre de 18h à 19h !

40 hommes et 12 fusils, Indochine 1954, Marcelino Truong, Éditions Denoël Graphic 28.90 €