C’est par curiosité que j’ai emprunté La Route de la mer de Philippe Le Guillou. Une envie de mettre enfin des phrases sous le nom d’un auteur dont, je l’avoue, je n’avais encore rien lu. Plusieurs fois tenté pourtant… Avec ses titres si évocateurs : Les Années insulaires, Géographies de la mémoire… autant d’invitations à prendre des chemins de traverses, à vagabonder entre les lignes, entre les mots. Sans compter l’amitié avec Julien Gracq, reconnue et jalousement revendiquée. Une filiation presque trop intimidante qui au final m’a toujours empêché d’aller au bout du geste.
Mais je me trompais. En tout cas pour ce roman. Car s’il est souvent cité, comme un amoureux qui ne peut s’empêcher de prononcer le nom de celle qu’il aime, on ne trouve nulle part dans La Route de la mer une tentative de faire comme Gracq.
Philippe Le Guillou a sa propre voix, celle d’un écrivain qui croit au roman, à la puissance des phrases mais aussi à la complexité des âmes. A l’image de sa Bretagne natale omniprésente dans son oeuvre, il est tour à tour sauvage et mystérieux, chaleureux et froid, proche de l’austérité tout autant que lumineux.
Ce roman est l’histoire d’une amitié entre un frère et une soeur, une amitié fraternelle sans ambiguïté mais dont il est difficile de s’affranchir. Femme brillante, pianiste surdouée, elle se brûlera dans son art et les excès. Professeur taciturne, il sublimera sa réserve et son homosexualité dans la sculpture sans jamais perdre de vue la carrière de sa soeur. Leurs vies sont liées, à travers la famille, l’enfance, l’art, la vie politique, les lieux, les paysages et la mer. D’ailleurs elle est partout cette mer, du Finistère jusqu’au Havre, elle ne cesse de hanter les pages de ce livre avec mélancolie et une grâce ineffable. La musique n’est pas en reste, elle traverse et porte ce roman, qu’elle soit de Liszt ou de l’écrivain qui manie si bien les mots et le verbe.
Si comme moi la curiosité vous fera emprunter La Route de la mer, peut-être y croiserez vous aussi ces vies merveilleuses et tourmentées, et entendrez-vous les notes si particulières, belles et justes de Philippe Le Guillou ?
Vous me direz !
Frédéric.
La Route de la mer, Philippe Le Guillou, éditions Gallimard 22 €
Magnifiquement écrit, comme toujours, Frédéric. J’ai partagé sur ma page FB. A bientôt!
Merci beaucoup ! 🙂
Un de mes amis a lu ta présentation sur ma page et vient de m’écrire que ton avis l’avait convaincu et qu’il allait dans sa librairie demain.
Oh chouette ! 😀
cela donne envie
Envoyé de mon iPhone
>
Merci ! 🙂