Ils s’appellent Bennie, Sasha, Scotty… Ils sont encore adolescents lorsqu’ils forment un groupe de punk à la fin des années 70 à San Francisco, leur vie ne tient qu’à un fil, mais les liens sont déjà là et l’amour aussi. Mais le temps passe et ne leur fait pas de cadeaux. Que deviendront-ils dix ans et vingt ans plus tard ? Bennie l’idéaliste n’a-t-il pas vendu son âme ? Scotty le guitariste génial et fou est-il vraiment devenu cet obèse dépressif qui moisit dans son studio ? A trente, puis quarante ans les amis d’hier seront-ils toujours aussi proches ? Pas si sûr… Car le temps fait des ravages, le temps est un casseur.
Ce roman de Jennifer Egan, prix Pulitzer 2011, est un puzzle littéraire aussi implacable que brillant. En passant d’une époque à une autre, d’un personnage à l’autre, tous les acteurs de l’histoire finissent par devenir un tout cohérent, les liens apparaissent et se développent, et chacun finit par devenir attachant, malgré les faiblesses, malgré les trahisons, et en dépit de tous les drames que la vie leur réserve.
Mais plus que tout, c’est le personnage de Sasha qui fait tout le charme du livre. De l’adolescente maladroite à la trentenaire cleptomane, de l’épouse mélancolique à la femme perdue, elle traverse le livre comme une étoile filante, bouleversant ceux qui croiseront son chemin.
« Les deux hommes attendirent, côte à côte, figés, fébriles, déstabilisés. Alex découvrit qu’il retenait sa respiration. Sasha leur ouvrirait-elle ? […] En cet instant précis, son désir de revoir Sasha prit enfin une forme précise : il s’imagina entrer dans son appartement et s’y retrouver – jeune homme plein de projets et d’idéaux, avec l’avenir devant lui. […] Elle n’est pas là, je parie qu’elle est loin d’ici, conclut Bennie, contemplant le ciel. J’espère qu’elle mène une vie qui lui convient, elle le mérite. »
Qu’avons-nous fait de nos rêves ?
Un roman sur le temps, la vie, les choix qui s’offrent à nous au cours de notre existence, et les regrets qui peuvent en découdre.
Qu’avons-nous fait de nos rêves ? Jennifer Egan, éditions Stock La Cosmopolite 22 €.