Si vous pensez que la littérature américaine contemporaine se résume à Philip Roth, Thomas Pynchon, Russell Banks ou John Irving, arrêtez-vous là quelques instants et ouvrez bien grands vos yeux. Mark Safranko, retenez bien ce nom et faites-le vous tatouer sur le front avec des bouts de cigarettes s’il le faut, il serait dommage de l’oublier.
Comme le dit si bien Salvatore Difalco dans la préface de Dieu bénisse l’Amérique : « Safranko écrit du front, pas d’un bureau d’une université de la côte est ni d’un loft de Manhattan. Ce qu’il voit de sa fenêtre est souvent triste et horrible, mais le spectacle est également fascinant, d’une drôlerie acerbe ».
C’est tout le talent de cet auteur hors normes, qui eut bien du mal à se faire publier dans son propre pays. Que ce soit en nous racontant une histoire d’amour aussi tragique que pathétiquement lamentable (Putain d’Olivia), en décrivant ses errances sexuelles pas moins glorieuses (Confessions d’un loser), ou bien en nous décrivant son enfance au coeur de l’Amérique des perdants (Dieu bénisse l’Amérique), Safranko parvient toujours à transformer notre grimace en un large et franc sourire. Il créé pour cela un alter ego : Max Zajack, que nous retrouvons au fil de ces 3 romans à différentes époques de sa vie.
Ecrivain subtil, parfois cru mais jamais vulgaire, Safranko sait nous emmener au coeur d’histoires un brin sordides mais foncièrement désopilantes. Qui n’a jamais connu une sale histoire d’amour ? Qui n’a jamais enchaîné des boulots pourris pour payer son loyer ? Dans l’Amérique de Safranko, pas de place pour les nantis, bienvenue dans le monde joyeux des fils d’immigrés polonais élevés par des nonnes sadiques et des parents violents, bienvenue dans l’univers merveilleux du travail précaire payé au lance-pierres, faites-vous une place chez les addictifs du sexe et les losers de la vie, rejoignez-donc la longue liste de ceux pour qui l’ascenseur social n’a jamais décollé.
Mention spéciale à Dieu bénisse l’Amérique (disponible en poche), qui raconte l’enfance martyre mais Ô combien drolatique de Max Zajack dans les quartiers pauvres du New Jersey. Véritable Tom Sawyer de la Loose, Max enchaîne les péripéties et les galères, pour notre plaisir coupable, car c’est avec impatience qu’on tourne les pages en se disant : « bon sang mais qu’est-ce qui va bien lui arriver encore ? ». Il faut le lire pour y croire, c’est terrible et en même temps tellement cocasse qu’on ne lâche plus le roman.
Tous les livres de Mark Safranko sont édités chez 13ème Note et vous attendent à la librairie !
Putain d’Olivia, Mark Safranko, éditions 13ème Note 19.50 €.
Confessions d’un loser, Mark Safranko, éditions 13ème Note 19.50 €.
Dieu bénisse l’Amérique, Mark Safranko, éditions 13ème Note 8 €.