Il était une ville

Détroit, Etats-Unis, fin des années 2000. Autrefois capitale américaine de l’industrie automobile, ville dynamique à l’économie florissante, Détroit aujourd’hui se meurt, gangrénée par la corruption et la crise financière. Plus de travail, plus d’argent, des services publics réduits à leur strict minimum. Ses habitants fuient les uns après les autres la misère et le désespoir, les rues sont désertées, les maisons tombent en ruine ; les immeubles, débarrassés de leurs cloisons, s’élèvent, fantômatiques, tels « des cathédrales ciselées ». Des animaux sauvages viennent fouiller les poubelles, des incendies se multiplient, la violence règne en maître.

C’est dans ce lieu inquiétant, à mi-chemin entre décor de western et cité post-apocalyptique, que Thomas B. Reverdy a choisi de raconter son histoire, ou plutôt l’histoire croisée de cinq personnages : Il y a Eugène, jeune ingénieur français, catapulté à Détroit par ses employeurs pour superviser la création d’un nouveau prototype automobile, et Candice, barmaid au visage ravagé par la vie, dont le rire « brillant et rouge » lui confère un charme singulier. Il y a Charlie, jeune garçon fugueur, qui va intégrer une mystérieuse communauté d’enfants, réfugiés au cœur d’une friche industrielle. Il y a Georgia, la grand-mère de Charlie, âme douce et éplorée, représentant en quelque sorte la « mémoire » de la ville ; et enfin l’inspecteur Brown, flic à la fois idéaliste et désabusé, chargé de l’enquête concernant la disparition de Charlie. Tous ces personnages forment un chœur dont les voix s’accordent pour tour à tour pleurer l’agonie d’une ville, et célébrer la vie qui, malgré tout, s’acharne à résister, telle une flammèche au milieu des ruines.

Thomas B. Reverdy, au-delà de l’émouvant récit de ces vies bouleversées, fait de Détroit le personnage principal de son roman. Visiblement fasciné par son histoire, ses paysages, l’aura spectrale et crépusculaire qui se dégage de ses bâtiments à l’abandon, l’auteur insuffle grâce, chaleur et humanité à ces carcasses de tôle et de béton. Et à la lecture de ce beau roman, on ne peut que partager sa fascination.

Il était une ville. Thomas B. Reverdy, éditions Flammarion 19 €.

Chronique rédigée par Agnès !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :