Difficile de rester insensible au charme fou du Pont invisible de Julie Orringer, très dur de s’en détacher aussi, et surtout impossible d’oublier la vie d’Andras Levi, juif hongrois débarquant à Paris en 1937 pour y fréquenter la prestigieuse Ecole Spéciale d’Architecture.
Rapidement l’Histoire s’emballe, on croit deviner la suite des événements, maintes fois racontée ailleurs, et pourtant rien n’est attendu. De la première majuscule du texte au point final de l’épilogue, les mots deviennent images : l’élégance des décors sert admirablement le jeu d’acteurs sensuels et voluptueux, graves et amers tour à tour. L’intensité va crescendo, les pages défilent, et on donnerait beaucoup pour ne jamais atteindre le générique de fin.
Le pont invisible, Julie Orringer, éditions L’Olivier 24 €.