Requins d’eau douce

Lukastik est inspecteur principal à la brigade criminelle de Vienne, Autriche. Solitaire et vieux garçon, il est méticuleux et perfectionniste. Il aime son travail mais il garde le sens de la famille. Il vit toujours chez ses parents et ne rate jamais un dîner en leur compagnie (une soupe et rien d’autre).

Lukastik aime Wittgenstein (1889-1951), et se promène toujours avec son oeuvre majeure : le Tractatus logico-philosophicus, qui comme son nom l’indique traite de… logique et  philosophie, merci à ceux qui suivent.

Lukastik n’a pas d’amis. Il abhorre ses collègues (qui ne sont pas en reste à son égard), et maltraite son commissaire, lequel prend sur lui car tout de même, les résultats sont là.

Lukastik aime relever les défis de la logique (voir plus haut), aussi lorsqu’un cadavre dévoré par un requin est retrouvé dans une piscine au sommet d’un immeuble, il ne se laisse pas démonter (surtout par une prothèse auditive, lisez vous comprendrez).

Lukastik a un drôle de nom et n’attache pas une grande importance à la discipline et aux protocoles d’enquête. Les témoins, les suspects, tout cela est bien relatif.

Lukastik aime beaucoup sa soeur et vous souhaite une bonne année 2012 !

Requins d’eau douce, Heinrich Steinfest, Folio Policier à 7.30 €.

Deux thrillers efficaces !

Pour celles et ceux qui veulent leur dose de suspense sans plonger dans les profondeurs de l’âme humaine, voici deux très bons thrillers qui vous changeront les idées sans trop vous donner mal à la tête. Pas de révolution littéraire en perspective, juste un plaisir coupable à tourner les pages.

Tout d’abord retrouvons l’auteur Néo-Zélandais Paul Cleave, qui nous avait séduit l’année dernière avec Un employé modèle (ou comment un tueur en série se faisait passer pour un attardé mental afin de narguer la police). Il nous revient en force avec Un père idéal. Cette fois-ci le narrateur est le fils d’un tueur de prostitués qui a défrayé la chronique lorsqu’il était enfant. Alors qu’il avait plus ou moins réussi à tirer un trait sur ce terrible héritage familial, voilà que sa propre femme se fait subitement assassiner. Au comble du désarroi il décide de rendre visite à son père toujours en prison, qui ne tardera pas à lui prodiguer quelques conseils…

Plus sérieux que son premier roman (malgré la couverture et le résumé du livre), un poil plus sombre aussi, Un père idéal confirme le talent de Paul Cleave à tenir en haleine le lecteur et à se jouer des codes du thriller.

Un père idéal, Paul Cleave, éditions Sonatine 22 €.

Ancien directeur de marketing d’un grand studio de cinéma américain, David Rosenfelt signe avec Toi seul un premier polar à la sauce Harlan Coben très réussi. Un haut cadre d’entreprise, veuf inconsolable, rencontre un soir de réveillon un inconnu qui lui glisse à l’oreille qu’il vient de tuer une femme, en précisant l’endroit où le corps est enseveli. Pour Tim Wallace c’est le début des ennuis lorsqu’il tente de connaître la vérité, d’autant que la police le soupçonne toujours d’avoir assassiné sa femme et d’avoir maquillé le meurtre en accident.

Il n’y a pas à dire, Toi seul est un thriller épatant qui fonctionne du début à la fin. On marche les yeux fermés, on court même !

Toi seul, David Rosenfelt, éditions Cherche-midi 20 €.

Miséricorde

Miséricorde est un thriller… danois !

Encore un polar scandinave me direz-vous ?

Désolé, ce n’est pas très original, j’en suis conscient… Mais celui-là était encore une fois très attirant.

L’histoire en quelques mots : Carl Morck est un superflic sur le déclin. Détesté par ses collègues pour son caractère et son franc-parler, il devient plus encombrant qu’autre chose. Sa hiérarchie décide de l’installer à la tête d’un département « placard », où il sera chargé aux frais des contribuables de résoudre des enquêtes inachevées, les fameux « cold case ». Avec son coéquipier improvisé, un syrien au passé plus que flou engagé à l’origine pour faire le ménage, Carl Morck va mettre les pieds dans un dossier troublant : la disparition il y a 5 ans d’une célébrité de la politique, Merete Lynggaard, volatilisée lors d’un voyage en ferry. Pas de mobile, pas de témoin, pas d’arme du crime et encore moins de corps… Mais qu’est-il donc arrivé à Merete Lynggard ? Et surtout, se peut-il qu’elle soit encore en vie ?

Avec Miséricorde, Jussi Adler Olsen (entraînez-vous à prononcer son nom, on risque d’en reparler) réussit l’alchimie du thriller sans fautes : une bonne intrigue, un duo d’enquêteurs attachants, un peu d’humour nordique et juste ce qu’il faut de décalage. On peut bouder son plaisir en regrettant parfois un manque de crédibilité et peut-être quelques facilités, mais tout de même Miséricorde est un thriller de très bonne facture, qui remplit son contrat haut la main : tenir en haleine et divertir !

Il n’y a plus qu’à espérer de prochains épisodes, car les personnages ont du potentiel.

Miséricorde, Jussi Adler Olsen, éditions Albin Michel 22.50 €.