Voici deux nouveautés intéressantes en littérature jeunesse, sur des thèmes pourtant fréquents, mais dont le traitement dégage une certaine originalité.
Promise de Ally Condie (1er tome d’une trilogie), paru chez Gallimard Jeunesse, est ce qu’on appelle une dystopie, à savoir un roman « contre-utopique ». Dans un futur sans doute proche mais indéterminé, les citoyens vivent dans une société réglée au millimètre près où rien est laissé au hasard. Ni le mariage, ni les naissances, ni le travail… ni la mort. Encadrés et surveillés en permanence par une sorte de milice politique : Les Officiels, les gens vivent en fonction non pas de leurs choix, mais de leurs capacités et de leurs talents. Une sorte de pacte tacite s’opère entre ces Officiels qui représentent la Société, et les citoyens soumis. En échange de leur docilité et d’une obéissance aveugle à des règles de probabilités, ceux-ci sont assurés de vivre en paix dans un monde sans violence ni mauvaise surprise.
Promise est le récit palpitant d’une adolescente qui va peu à peu découvrir l’envers du décor, et qui par amour va se rebeller petit à petit contre le système. D’une trame très classique, l’auteur réussit à nous immerger dans cet univers glacial et mécanique, où tout est calculé et anticipé, jusqu’aux repas fournis par les Officiels ! Surtout elle transmet à la perfection la peur refoulée de ces citoyens condamnés à ne pas sortir des chemins tracés par la société sous peine d’ostracisme. Peut-être un peu trop romantique par moments (dans le sens « Twilight » du terme !), Promise demeure un excellent roman d’anticipation pour jeunes adultes, une bonne introduction à 1984 d’Orwell ou Fahrenheit 451 de Bradbury. On pense aussi au Passeur, le chef-d’oeuvre de Lois Lowry.

Promise, Ally Condie, Gallimard Jeunesse 18 €.
L’école des Loisirs ne résiste pas à l’attrait de la littérature vampirique pour ados, et viennent de publier La Société des S, le début là aussi d’une trilogie, dont l’auteur est Susan Hubbard.
On ne dira pas que c’est une révolution dans le genre, loin de là, mais le roman est accrocheur et suffisamment énigmatique pour tenir en haleine. En même temps il est difficile de renouveler le mythe lorsqu’on voit tout ce qui est sorti en littérature jeunesse dans ce domaine, sans compter le cinéma et les romans pour adultes !
La Société des S nous conte les péripéties d’Ariella, une adolescente de 13 ans qui a été élevée par son père, un homme mystérieux et qui bien entendu s’avère être un vampire. S’ouvrant peu à peu au monde extérieur, Ari va découvrir de nouvelles sensations et ses propres appétits, mais aussi partir en quête de sa mère qui l’a abandonnée à la naissance. Et c’est sans doute là l’intérêt du roman, en tout cas de ce premier tome, ce road-movie adolescent qui fait la deuxième partie du livre, et où Ari va découvrir la vérité sur sa naissance.
Si le côté vampire est parfois bizarrement traité (le mélange entre réalité et fiction est ambiguë), il n’en demeure pas moins que l’histoire est prenante, et que l’écriture est ingénieuse, saupoudrée d’une fine couche d’humour à froid qui donne un charme certain au récit. Et cette fois ci on est loin du côté fleur bleue qu’on retrouve souvent dans la littérature vampirique pour ados. Bien au contraire !

La société des S, Susan Hubbard, L’Ecole des Loisirs Médium 16.80 €