Chicago, début 1990, chacun dans leur appartement, Elizabeth et Jack s’observent en secret par la fenêtre. Ils se rencontrent et tombent amoureux. Il est artiste et photographe, elle commence à travailler dans la recherche autour de l’effet placebo. Tous deux s’immergent dans cette nouvelle décennie, au coeur d’un quartier branché et arty.
Quelques années plus tard, la réalité les rattrape. Jack s’ennuie en donnant des cours d’histoire de l’art à des étudiants rivés sur leur smartphone, Elizabeth administre des placebos dans une clinique privée, choisissant de tromper ses patients pour mieux les guérir. Tyrannisée par son fils Toby, un bébé ingrat qui souffre de néo-phobie alimentaire, elle est à deux doigts de craquer. Quant à Chicago, la ville a fait le saut dans le nouveau siècle. Les quartiers populaires se sont « gentrifiés ». Les bars louches où l’on s’encanaillait à écouter les Smashing Pumpkins ont fait place à des restaurants chics et aux résidences hors de prix.
Au coeur de ce couple qui commence à tanguer sévèrement, chaque petite fissure risque de se muer en catastrophe. La conjugalité, un enfant difficile et un projet immobilier qui prend l’eau suffisent à transformer Jack et Elizabeth en ce qu’ils redoutaient le plus : des clichés.
C’est là qu’intervient Nathan Hill !
Car l’auteur n’a pas l’intention de laisser tomber ses personnages. Pour les aider à s’en sortir, il va remuer le passé, remonter le cours du temps et peu à peu faire tomber les masques. Qui sont vraiment Jack et Elizabeth ? D’un côté un petit garçon perdu dans un Kansas aride, à l’enfance maussade pris en étau entre un père taiseux et une mère gentiment dingue, et de l’autre côté une petite fille héritière d’une grande famille qui depuis des générations a bâti sa fortune en exploitant et pillant autant la terre que les hommes.
Comment vivre sans se raconter d’histoires ? Dans Bien-être, Nathan Hill détricote tous les chemins que nous empruntons pour nous raconter des mensonges sur ce que nous croyons être. Mais ces mensonges sont le ferment de toutes les difficultés que nous rencontrons ensuite dans nos vies. Comment être heureux en amour si nous restons un enfant traumatisé ? Comment vivre en couple alors que nous avons grandi en trompant sans arrêt notre monde.
Nathan Hill est un prodige, et pour son deuxième roman il réussit l’impossible : nous réconcilier avec nous-mêmes en nous faisant rire aux éclats, en métamorphosant l’instant le plus tragique et le plus déchirant en une leçon d’espoir.
Pardonnez l’utilisation de ce mot tellement galvaudé, mais c’est pourtant le premier qui vient à l’esprit une fois ce livre refermé : Bien-être est un roman génial.
Prenez tous les adjectifs et superlatifs du dictionnaire que vous voulez, multipliez par 10 et vous saurez ce que vaut le deuxième roman de Nathan Hill, et l’émotion et la joie qu’il vous procurera.
Si Philip Roth et John Irving avaient eu un fils, ils l’auraient appelé Nathan Hill.
P.S : Son premier roman, Les Fantômes du Vieux Pays était déjà fabuleux, et il existe en folio !
Frédéric

Bien-être, Nathan Hill, bien-êtrement traduit de l’américain par Nathalie Bru, Gallimard 26 €
Bonjour Frédéric, Merci pour ce conseil…..je passerai prochainement le feuilleter et sans doute vous en prendre un exemplaire. J’ai transmis votre courriel à une de mes amies qui a une critique littéraire dans l’hebdo La Semaine (Metz – Nancy – Thionville) depuis 2005 + un blog : https://www.leslivresdebea.com/a-propos Voilà sa réponse : » Excellent livre. C’est mon coup de cœur de la rentrée … après Le Déluge de Stephen Markley !!!Je ferai un papier pour mon journal, qui viendra un peu plus tard dans le blog !! » Avez-vous également lu et apprécié ce livre ? A bientôt, Bon dernier week-end plein de touristes (enfin, je l’espère pour vous !). Thierry Julienne
Merci beaucoup pour votre retour cela me fait plaisir ! Je n’ai pas encore lu Le Déluge mais c’est prévu ! Mais il est fait 1040 pages et c’est écrit en tout petit… je n’ai pas réussi à le glisser entre deux lectures cet été. À bientôt !