Les Naufragés du Wager

En 1740, après de nombreux périples, le HMS Wager, 250 hommes à son bord, s’échoue sur une île particulièrement inhospitalière au large de la Terre de Feu. Deux ans plus tard, deux embarcations de rescapés agonisants rejoignent la civilisation à six mois d’intervalle. Leurs récits se contredisent… Mais qui dit la vérité ?

C’est l’un des naufrages les plus emblématiques de l’histoire de la Royal Navy, qui fit couler beaucoup d’encre, plongeant la marine militaire anglaise dans l’embarras.

Tous les ingrédients étaient pourtant réunis dès le départ pour un fiasco assuré : une expédition vite et mal montée pour saisir un galion espagnol rempli d’or à l’autre bout du monde, une escadre composée en grande partie de navires rafistolés et vermoulus, des équipages de conscrits, d’enrôlés de force, d’invalides, d’aristocrates déchus, menés par des capitaines en manque de gloire. Ajoutez à cela un certain John Byron, grand-père du célèbre poète ainsi qu’un canonnier lettré qui ne s’en laisse pas conter… sans oublier le Cap Horn et le détroit de Magellan, soit l’une des zones maritimes les plus hostiles de la planète, bref vous l’aurez compris, ce n’était pas gagné d’avance.

C’est à la fois rocambolesque, tragique autant qu’admirable, terrifiant et passionnant mais c’est avant tout divinement raconté. David Grann, l’auteur notamment de La Cité perdue de Z., s’appuie sur une source colossale d’archives, de témoignages et de journaux de bord, et nous livre un récit parfaitement maîtrisé, limpide et aussi prenant qu’un grand roman d’aventures, avec son lot de rebondissements et de personnages savoureux. Ses descriptions de tempêtes risquent notamment de vous faire passer l’envie de monter sur un bateau… Mutineries, île déserte, trahisons, des indigènes, des survivants qui s’étripent, une cour martiale, on ne manque de rien dans Les Naufragés du Wager, on y trouve même beaucoup de scorbut et un peu de cannibalisme… Un régal ! (si je puis me permettre…)

Frédéric

Les Naufragés du Wager, David Grann, parfaitement traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Johan-Frédérik Hel Guedj, éditions du Sous-Sol, 23.50 €

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