L’Homme sans postérité

Confinement livre 7 : le classique allemand qui vous élève l’âme.

Voici l’une des merveilles cachées du domaine allemand Libretto, traduite pour la première fois en français en 1978 aux éditions Phébus.

Un adolescent quitte sa famille adoptive pour rejoindre un oncle ermite qui vit sur une île entourée de montagnes. Le séjour se déroule d’abord dans une froide hostilité, puis finalement les deux hommes se trouvent…

L’Homme sans postérité est un récit qui se lit comme on observe un tableau. Petit à petit l’oeil découvre des détails, on avance et puis on recule, des formes apparaissent, des ombres se dessinent, et peu à peu la lumière finit par l’emporter.

C’est une comparaison facile car Adalbert Stifter (1805-1868) fut aussi peintre. Mais c’est finalement en tant qu’écrivain qu’il marquera les esprits : Nietzsche, Hermann Hesse, Peter Handke… se revendiqueront de lui. Il y a d’ailleurs beaucoup de ces trois hommes chez Stifter, particulièrement dans ce court roman. Une métaphysique, une spiritualité et une quête de sens, mais aussi une écriture blanche, en recul. Les phrases, les mots, s’effacent pour laisser toute la place au texte. En pleine période romantique, c’est d’une surprenante modernité. Pourtant les images sont là : la jeunesse tourmentée, la solitude, les montagnes, un lac immense, une île presque inaccessible, une vieille abbaye, des falaises à pic… Il n’y manque plus qu’Hölderlin ! Mais justement, alors qu’ils sont si peu décrits, les paysages apparaissent avec une incroyable netteté. Le récit quant à lui garde une part de mystère, d’inconnu.

Frédéric

L’Homme sans postérité, Adalbert Stifter, élégamment traduit de l’allemand par Georges-Arthur Goldschmidt, Libretto 8.10 €

Une réponse

  1. Belle idée Frédéric, cet article sur Stifter et ce très beau livre. Avec Stifter, j’ai passé de merveilleux moments. Avec l’Homme sans postérité, dont tu parles très bien, mais aussi avec l’Arrière saison, roman magistral, et avec les Grands-bois, traduit par Henri Thomas. Dans tous les cas, nous sommes marqués par ces paysages dans lesquels le lecteur pénètre avec lenteur en prenant le temps et par les personnages d’une grande force. Et puis il y a ce texte bref, véritable pierre précieuse : Cristal de roche. Je l’ai lu dans le recueil paru chez Jacqueline Chambon il y a plus de quinze ans…Je le relis souvent.

    Merci Frédéric

    A bientôt

    Evelyne Resmond-Wenz

    • Merci beaucoup Evelyne pour ton message ! J’ai très envie d’approfondir ma découverte de Stifter, je pensais continuer par l’Arrière saison qui semble considéré comme son chef-d’œuvre (je crois d’ailleurs que Fanny l’a lu et qu’elle m’en avait dit beaucoup de bien), mais en tout cas je ne manquerai pas de lire Cristal de Roche ! Merci du conseil !

  2. (Esprit d’escalier es-tu là ?…

    Suite de mon précédent message.)

    Sais-tu que Maurice Sendak a écrit un article passionnant (dans Caldecott and Co) à propos des contes de Sitfter, et plus particulièrement de Cristal de Roche ? Il le compare à un livret d’opéra. Il dit aussi qu’il a été jugé dépassé à sa parution. Sa poésie si loin du lyrisme est justement ce qui nous touche aujourd’hui encore.

    A bientôt,

    Evelyne RW

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