On entre dans ce roman comme on se perd dans une ville du sud. Au détour d’une rue, à force de lever les yeux, hypnotisé par les sons et les odeurs, on se retrouve soudain dans un enchevêtrement de ruelles, un labyrinthe inconnu. Comme un touriste égaré, nous voilà plongé au coeur d’une vie qu’on ignorait, avec ses drames, ses bruits et sa fureur.
Borgo Vecchio de Giosuè Calaciura est un enchantement. Dès la première page on est enveloppé par les phrases, les mots, les sensations, comme une brume. Une brume qui a « la consistance des contes ».
Borgo Vecchio est une joyeuse et touchante galerie de personnages. Il y a les jeunes Mimmo et Cristofaro, les deux amis dont l’enfance n’est pas de tout repos. Il y a Celeste, captive du balcon de sa mère lorsqu’elle s’offre aux hommes. Mais aussi Toto le pickpocket, figure attachante et charismatique, qui court plus vite que son ombre. Et il y a même un cheval, Nanà, dont vous me direz des nouvelles.
Borgo Vecchio est un roman de quartier, où le tragique côtoie le comique, un opéra de cour d’immeuble et d’escaliers donnant sur la mer, une musique faite de vies simples mais passionnées.
Jérôme Ferrari dit : « La langue de Giosuè Calaciura est unique, objectivement unique. »
Oui Jérôme, mais elle est surtout magique.
On sourit et on rit, on rêve et on s’extasie, et à la fin on pleure. C’est un roman qui a la douceur d’une caresse mais qui vous étreint le coeur, ça vous retourne l’âme.
Borgo Vecchio, Giosuè Calaciura, magiquement traduit de l’italien par Lise Chapuis, Notabilia (éditions Noir sur Blanc), paru le 22 août 2019. 16 €