Comment puis-je vous convaincre qu’un roman éclipse à lui tout seul tout ce qu’on peut trouver sur les tables de nouveautés de n’importe quelle librairie ?
Cela peut sembler exagéré, et surtout injuste. Et pourtant.
Plutôt que de résumer les 700 pages, je vais me contenter d’une petite introduction.
Samuel est un professeur d’université et un auteur en panne d’inspiration, très en panne d’ailleurs puisqu’il n’a jamais écrit de roman, juste une nouvelle dans une revue littéraire qui lui valut autrefois un très court quart d’heure de gloire. Depuis il passe la majeure partie de son temps à se prendre pour un elfe dans un jeu vidéo en ligne. Sans doute veut-il oublier que sa mère l’a abandonné, lui et son père, lorsqu’il avait 12 ans. Mais voici qu’elle agresse à la télévision un gouverneur, ce qui suscite l’intérêt d’un éditeur qui propose à Samuel d’effacer une longue liste de dettes en écrivant une biographie de celle dont il ne voulait plus entendre parler. Le moment est donc venu de mener l’enquête et de plonger enfin dans les vieux dossiers familiaux et d’explorer les souvenirs d’enfance.
Inutile d’en dire plus. Sachez juste que cet ébouriffant roman regorge de rebondissements, qu’il est drôle et parfois grinçant, qu’il est furieusement original, raconté avec un talent narratif déconcertant, qu’il est impressionnant mais qu’il se lit avec un immense plaisir, une joie enivrante, qu’on est sans cesse surpris, que ses personnages sont incroyables, qu’on traverse les époques comme dans un rêve, qu’on rit beaucoup mais qu’on en ressort aussi pas mal secoué.
C’est un premier roman, on a du mal à le croire. Alors on parle de prodige, de génie… Sans doute est-ce justifié. Mais ce que je retiendrai surtout, c’est qu’en plus de découvrir un nouvel auteur, on découvre une histoire. Nathan Hill sait, du début à la fin, créer et raconter une authentique histoire. Et comble de la réussite, tout en l’incluant dans le contexte trouble de la fin des années 60 aux Etats-Unis et la réalité affolante de notre monde moderne et aliénant. Ainsi, comme les meilleurs romans de John Irving, Les fantômes du vieux pays est un livre qui emporte, amuse, émeut, et au bout du voyage se transforme en une lecture inoubliable, un ami pour la vie.
Frédéric.
Les fantômes du vieux pays, Nathan Hill, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Mathilde Bach, éditions Gallimard 25 €.